Les assistants d'artistes
Acteurs souvent essentiels du processus artistique, les assistants ne procèdent pourtant que très rarement à des choix créatifs indépendants de tout contrôle de l’auteur. Leur qualité de co-auteur de l’œuvre finale est donc rarement reconnue a posteriori.
Le travail de création n’épouse que rarement les contours d’une aventure solitaire. L’image de l’artiste isolé de tous, tout à la fois reclus et démiurge capable de déployer à la perfection toutes les techniques induites par le recours à tel ou tel matériau ou savoir-faire, ne subsiste que dans certains esprits préférant conserver l’idée d’une création solitaire fantasmée. Pour autant, le processus créatif est souvent partagé ou délégué, aussi bien au stade de la réflexion que de la réalisation de l’œuvre. Le recours régulier à des artisans en témoigne, notamment dans le domaine des arts du multiple, à l’instar de la photographie ou de la fonte en bronze, où les métiers concernés – celui du tireur et ceux des divers artisans d’un fondeur – imposent un long apprentissage technique. De la même manière, nombreux sont les artistes qui s’entourent de manière quotidienne ou ponctuelle d’assistants qui vont participer directement à la production ou à la réalisation d’une œuvre. Ces assistants étant souvent eux-mêmes des artistes en apprentissage ou en début de carrière ou encore souhaitant s’assurer une certaine stabilité pour réduire l’aléa de la carrière personnelle. Quels que soient les rapports – juridiques et humains – liant l’artiste à ses assistants, ces derniers s’avèrent toujours invisibilisés lorsque l’œuvre, à la création de laquelle ils ont pu participer, est divulguée au public et présentée ensuite dans les circuits de l’art contemporain. La tentation peut alors être grande de revendiquer une copaternité voire une paternité exclusive sur l’œuvre en arguant d’une intervention essentielle sur celle-ci. Mais il est fort rare qu’une telle revendication aboutisse en raison de la nature même de l’intervention de l’assistant, dont le rôle est avant tout d’aider, de seconder l’artiste et aucunement de le substituer. Pour autant, de telles revendications semblent se multiplier ces dernières années, bien que l’actualité judiciaire ne semble pas encore refléter pareille évolution.
L’intégralité de l’article est à retrouver dans l’édition française d’avril 2022 de The Art Newspaper.
Un article écrit par Alexis Fournol, Avocat à la Cour et Associé du Cabinet.
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